quarant trois ans sont passés sans que le Maroc connaisse un tel événement .
Ils , étudiantes et étudiants, sont des centaines à se retrouver à Rabat, devant le siège du « parlement », à quelques pas du palais royal, à quelques pas des ministères. Ils sont, elles sont là pour dénoncer les politiques antipopulaires, antidémocratiques et antinationales de l’Etat makhzenien dans le domaine de l’enseignement (et dans tous les autres domaines). Ils, elles sont venu-es de toutes les régions du Maroc : de Tanger à Agadir, et d’Oujda à Casablanca. Les sensibilités (pas toutes malheureusement) issues du mouvement des « kaidiyine », lui-même « descendant » du « front des étudiants progressistes » qui avait vu le jour à la veille du 14ème congrès de l’UNEM (1970), ce front qui avait regroupé les militant-es et sympathisant-es du mouvement marxiste léniniste marocain d’alors.
Les étudiant-es démocrates, les militant-es des sensibilités politiques marxistes étaient là le 23 mars 2014 pour crier haut et fort leur colère. Tout était parfait. Pas de fausse note. L’esprit unitaire, l’esprit de camaraderie l’a amplement remporté sur le sectarisme.
Je ne suis pas étudiant. Je suis âgé (un retraité professionnellement), mais j’ai tenu à aller voir « sur le tas », ces jeunes qu’on ne cesse de critiquer à tors, qu’on qualifie souvent de « hooligans » prêts à se chamailler (sinon à s’entretuer) pour des futilités. J’étais agréablement surpris. J’ai trouvé des étudiantes et étudiants très sympathiques, conscient-es, tolérant-es, main dans la main contre le makhzen.
J’ai voulu revivre aussi des moments nostalgiques, moments liés au 23 mars 1965, date du soulèvement populaire contre la tyrannie de Hassan II, événement que j’avais vécu en tant que lycéen, et revivre aussi les 13ème (1969) et 14ème (1970) congrès auxquels j’avais participé en tant qu’étudiant congressiste.
Jeunes étudiantes, jeunes étudiants, vous êtes la fierté de la jeunesse marocaine, vous êtes le garant d’un radieux avenir, à condition que votre légitime combat soit lié au combat des travailleurs, au combat de toutes les classes et couches sociales exploitées (au sens marxiste du terme) , opprimées et marginalisées.
Votre combat ne pourra avoir de signification que s’il vise à instaurer un enseignement généralisé, gratuit, à contenu progressiste et laïc, ce qui est impossible sous le régime actuel.
Refondez l’UNEM en tant qu’organisation estudiantine de masse, PORGRESSISTE, démocratique et indépendante.
Ne me parler pas d’étudiant-es « de gauche » ( un terme qui sonne faux) mais d’étudiant_es démocrates, d’étudiant-es progressistes, d’étudiant-es révolutionnaires.
Bravo jeunes camarades et ce, nonobstant votre appartenance organisationnelle. Je n’en veux pas aux « absent-es ». J’espère que les autres sensibilités marxistes soient là la prochaine fois. Ce n’est qu’un début. Du moins c’est ce que je souhaite.
Ali Fkir, le 23 mars 2014